L'accès aux soins avant tout
Les priorités de la ministre Danielle McCann
Dans le cadre de ses nouvelles fonctions, la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, s’est donné pour mission d’améliorer l’accès aux soins et l’efficience du réseau. Pour y parvenir, la contribution des infirmières auxiliaires est indispensable. En décembre dernier, lors d’une rencontre avec la présidente de l’Ordre des infirmières et infirmiers auxiliaires du Québec (OIIAQ), Carole Grant inf. aux., la ministre a accepté d’accorder une entrevue à l’Ordre concernant sa vision et ses ambitions pour son ministère.
par Annabelle Baillargeon, Directrice adjointe, Service des communications et des partenariats stratégiques |
Depuis votre nomination le 18 octobre dernier, quels constats faites-vous quant aux enjeux
et défis du réseau ?
« Les dernières années ont été difficiles. Nous avons eu une réforme importante de structures et cela a nécessairement eu des impacts sur le personnel soignant. On remarque de l’épuisement dans les équipes de soins et une fragilisation des services de première ligne et de proximité. Les compressions budgétaires ont aussi fait mal au réseau de la santé.
On arrive dans un nouveau cycle et on va apporter des changements. Pour la première fois depuis de nombreuses années, on ne s’occupera pas de réformes de structure [...], on va faire une réforme de l’accès. On veut augmenter l’accès aux services, notamment en première ligne pour la population. »
Vous mentionnez que vous souhaitez redoubler d’efforts pour améliorer l’accès aux soins.
De manière générale, quelle est votre vision pour votre ministère et quels sont vos objectifs pour ce mandat ?
« Il faut que dans les quatre prochaines années, les services de première ligne se soient améliorés. Notre engagement est que tous les Québécois qui le veulent aient accès à un médecin de famille, à une infirmière ou à une équipe de soins en 36 heures. Bien des choses en découlent : on désengorge l’urgence et nos hôpitaux, et la population est moins malade puisqu’on s’en occupe rapidement.
C’est une priorité pour nous de prendre soin du personnel. On va améliorer les conditions de travail et augmenter les postes à temps complet. Quand j’ai rencontré la présidente de l’OIIAQ, Carole Grant, elle m’a soumis le fait qu’il n’y avait que 38 % des membres qui avaient un poste à temps complet. [...] Il faut que ça monte, au moins aux trois quarts. Il faut que ça augmente le plus possible pour faire bénéficier à la population les compétences des infirmières auxiliaires. »
Comment voyez-vous le rôle des infirmières auxiliaires dans le réseau et comment peuvent-elles être une solution aux enjeux actuels ?
« Les infirmières auxiliaires peuvent jouer un rôle dans plusieurs sphères d’activités où elles peuvent mettre à profit leur expertise. Le potentiel est là, il faut que ce soit bien organisé. Elles contribuent à l’évaluation, elles font des interventions qui sont très complémentaires au médecin de famille dans un cabinet. En plus, elles sont très appréciées, je l’entends par les médecins de famille, entre autres en GMF. Ils trouvent que vous êtes très aidantes au sein de l’équipe de soins. Les possibilités sont ouvertes,
il faut les actualiser. »
C’est une priorité pour nous de prendre soin du personnel. On va améliorer les conditions de travail et augmenter les postes à temps complet. Il faut que ça augmente le plus possible pour faire bénéficier à la population les compétences des infirmières auxiliaires.
Au cours de notre tournée Enjeux et défis de la profession, nous avons constaté que les défis d’harmonisation et d’uniformisation du champ d’exercice sont encore bien présents. Comment solutionner le tout ?
« Les tâches d’une infirmière auxiliaire et d’une clinicienne sont claires. Il y a un travail à faire dans les équipes et dans les établissements pour bien établir ça. On a la Loi 90 qui existe depuis très longtemps et qui n’a pas été appliquée complètement. Il y a encore du potentiel pour améliorer l’offre de services.
Pour la première fois, on n’est pas pris dans le changement de structure, alors c’est là qu’on va mettre notre énergie. Dans le fond, ce que ça prend, c’est une volonté de le faire. Et cette volonté, il faut qu’elle parte du ministère, de la ministre, des établissements, des PDG, mais aussi des professionnelles elles-mêmes. Elles veulent que ça arrive et que ça valorise leur champ de pratique. Ça prend un travail d’équipe du directeur des services professionnels et de la directrice des soins infirmiers, un travail de collaboration pour les faire ces ordonnances collectives et pour s’entendre. On a le temps et l’énergie de le faire. Ça ne se fait pas en criant ciseau, mais ça va se déployer graduellement. »
Votre gouvernement s’est engagé à décloisonner la pratique médicale. À quoi peuvent s’attendre les infirmières auxiliaires ?
« On va décloisonner la pratique médicale vers les infirmières, dont les infirmières auxiliaires, vers les infirmières praticiennes spécialisées, vers les pharmaciens, travailleurs sociaux, psychologues. L’Ordre et le ministère ont une idée très claire du rôle que l’infirmière auxiliaire peut jouer au sein des établissements.
Comme je le disais plus tôt, la Loi 90 est une excellente idée, mais on ne l’a jamais appliquée complètement. Notre défi actuellement est de le faire, d’appliquer l’ordonnance collective et d’organiser cette meilleure offre de services pour que chacun joue son rôle pleinement. »
Votre gouvernement s’est engagé à éliminer le temps supplémentaire obligatoire. Comment comptez-vous y arriver ?
« On a pris cet engagement et à la fin de notre mandat, il faut que ça soit éliminé. Évidemment, le plus vite sera le mieux. En fait, on va le diminuer dès cette année. On a des travaux importants là-dessus. C’est important que nos professionnelles de la santé qui tiennent le système à bout de bras soient appuyées.
On dit qu’il faut humaniser les soins. Les infirmières auxiliaires et infirmiers auxiliaires sont là, mais il faut aussi s’occuper d’eux. On va prendre des mesures concrètes pour graduellement améliorer les conditions. Ça ne pourra pas se faire du jour au lendemain, mais ça va se déployer graduellement. On veut que déjà en 2019-2020, la population, mais aussi les professionnelles voient une différence. »
En terminant, quel message souhaitez-vous envoyer aux infirmières et infirmiers auxiliaires ?
« On vous apprécie et on va créer des conditions intéressantes pour vous au travail, pour que d’abord et avant tout, vous ayez un milieu adéquat et que vous puissiez prendre soin des gens comme vous le souhaitez. On veut que vous aimiez ce que vous faites et rendre votre milieu de travail fort et attrayant.
Je sais que plusieurs adorent leur travail, nous allons prendre encore plus soin de celles qui ont choisi cette profession, cette vocation. »
LES CLINIQUES D'HIVER
LES INFIRMIÈRES AUXILIAIRES, PARTENAIRES DE CE SUCCÉS
En janvier dernier, la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann a implanté les cliniques d’hiver pour traiter les cas mineurs qui ne nécessitent pas une visite à l’hôpital. Le tout s’est fait avec la collaboration de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec, dans le but de désengorger les urgences et d’améliorer l’accès aux soins.
Depuis leur ouverture, le ministère a calculé que près de 3000 personnes ont fréquenté ces établissements par semaine. « Ça en fait des gens ! Nous allons avoir un rapport et il y aura probablement un impact direct que l’on pourra quantifier dans les urgences touchées pour les patients ambulatoires », souligne la ministre.
Intégrées dans cette nouvelle initiative du gouvernement, les infirmières auxiliaires ont prêté main-forte à l'équipe de soins au sein de ces cliniques d’hiver, où elles ont pu mettre leurs compétences et leur expertise au profit des patients. « C’est une approche d’équipe que l’on cherche. Plus chacun pourra jouer son rôle, mieux le système fonctionnera pour offrir des services », croit Mme McCann.
Pour assurer le succès de cette nouvelle mesure, la ministre a mentionné dans de nombreuses tribunes compter sur la contribution des infirmières auxiliaires pour dispenser des soins sécuritaires et de qualité.
MAISONS DES AÎNÉS
NOUVELLES OPPORTUNITÉS POUR LES INFIRMIÈRES AUXILIAIRES
Dans le cadre de son programme, le gouvernement de la Coalition Avenir Québec compte mettre sur pied des maisons des aînés, des milieux de vie pour offrir aux personnes âgées les meilleurs soins dans un contexte humain.
« Les infirmières auxiliaires ont une place dans les maisons des aînés. Elles travaillent beaucoup avec les préposés aux bénéficiaires dans les CHSLD, elles ont donc une connaissance du milieu et du travail d’équipe qui y est requis », affirme la ministre.
Avec 38 % de membres occupant un poste à temps plein, Mme McCann voit dans ce taux l’opportunité d’attirer davantage de ces professionnelles dans les établissements, notamment dans les maisons pour aînés. « Il y a là un potentiel à aller chercher », renchérit-elle.
Notons que près du tiers des membres de l’Ordre travaillent avec des clientèles gériatriques et que leurs compétences avec ces dernières sont vastes.