Prendre soin de soi pour mieux soigner les autres
La pandémie a fragilisé la santé mentale d’un bon nombre de Québécois depuis les derniers mois. Les études à cet égard se multiplient pour exposer les effets collatéraux de cette crise sanitaire sur la population. La situation apporte ainsi un défi supplémentaire aux profes - sionnels de la santé, en plus de tenter de prendre toutes les précautions nécessaires pour préserver leur propre santé mentale.
![]() | Par Carole Grant, inf. aux., Présidente du Conseil d’administration de l’Ordre |
En janvier dernier, un sondage mené par la firme Léger pour l’Association d’études canadiennes révélait que les femmes étaient généralement les plus touchées par un déclin de leur santé mentale en ces temps de pandémie.
Un constat similaire a été tracé par un sondage de l’Ordre des psychologues, où l’on constate que la détresse et l’anxiété générées par les restrictions sanitaires sont en hausse. À cet effet, cette étude révèle que près de 86 % des psychologues répondants ont noté une augmentation de la détresse chez leur clientèle, alors que 70 % affirment avoir revu d’anciens clients en raison de la pandémie.
Alors que plusieurs consultations sont lancées pour cibler des solutions, nous sommes convaincus que les infirmières et infirmiers auxiliaires seront plus que jamais des partenaires incontournables dans le succès de leur implantation.
Une approche globale
Face à cette situation, le travail des infirmières auxiliaires demeure encore plus indispensable pour soigner tant physiquement que mentalement les personnes. Grâce à la contribution à l’évaluation, les infirmières auxiliaires peuvent jouer un rôle clé dans le continuum de soins, afin de mieux cibler le traitement adapté aux différentes clientèles.
Si notre place en santé mentale était à défendre dans différentes organisations, les compétences des infirmières auxiliaires peuvent réellement s’avérer bénéfiques pour optimiser les soins offerts à la population.
Depuis mars dernier, le travail interdisciplinaire est essentiel pour arriver à offrir des soins sécuritaires et de qualité à la population. L’Ordre des infirmières et infirmiers auxiliaires du Québec (OIIAQ) a multiplié les efforts, afin de faire reconnaître la pleine contribution de ses membres dans tous les milieux, et ce, avec plus d’autonomie. Nous avons un rôle à jouer pour surmonter cette crise et c’est ensemble que nous pourrons y parvenir.
Un rôle essentiel
Le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant, a piloté au cours des derniers mois des consultations sur la santé mentale des Québécoises et des Québécois, en vue de bonifier son Plan d’action interministériel en santé mentale.
Cette initiative non partisane s’est ajoutée aux deux Forums sur la santé mentale tenus par le ministère les dernières années, forums auxquels j’ai participé pour réaffirmer la place des infirmières auxiliaires dans ces milieux. J’ai bon espoir que ces échanges se poursuivront afin d’optimiser le soutien offert à la population.
Par son approche humaniste, l’infirmière auxiliaire peut être déterminante tant pour la personne que pour ses proches. En prenant le temps de tenir la main à une personne en fin de vie, ou encore en se montrant à l’écoute pour rassurer les proches, les infirmières auxiliaires peuvent faire une très grande différence dans une telle expérience.
Adaptation indispensable
Si la dernière année a été difficile pour plusieurs, elle n’a pas épargné les professionnels de la santé. Devant faire face jour après jour à un virus imprévisible qui fait d’importants ravages, à des collègues qui tombent elles-mêmes malades, à des résidents confinés dans leur milieu de vie, ou encore à devoir accompagner des personnes contraintes de mourir dans la solitude, les infirmières auxiliaires traversent une crise que personne ne soupçonnait.
Pour continuer à naviguer au cœur de cette épreuve, il faut démontrer une grande capacité d’adaptation pour pouvoir continuer à soigner et à composer avec des situations difficiles. Plusieurs d’entre vous sont amenées à faire du délestage, à aller prêter main-forte dans de nouveaux secteurs et avec de nouvelles équipes.
Ayant moi-même travaillé pendant 10 ans au sein de l’équipe volante de l’hôpital Notre-Dame du CHUM, il m’arrivait aussi de chercher mes repères lorsque j’arrivais dans une nouvelle unité, et ce, au sein du même établissement. Je peux imaginer les défis immenses que vous surmontez au quotidien.
Vous faites preuve de résilience et d’une capacité d’adaptation remarquable pour mener cette lutte contre la propagation du virus. Ces qualités sont sans contredit notre force, alors que l’on s’adapte depuis plusieurs décennies.
Nous avons eu à composer avec les années où la profession était en péril, à s’ajuster aux différents changements d’organisation du travail où les infirmières auxiliaires ont été retirées de certains secteurs, ou encore à nous réinventer avec l’implantation de la Loi 90. Ce ne sont que quelques exemples qui démontrent que nous avons appris à foncer et à nous tenir bien droites pour continuer à faire avancer la profession. Avec une pandémie, nous pouvons maintenant affirmer fièrement que nous sommes les championnes de l’adaptation.
S’offrir le même traitement
À l’aube de la Journée des infirmières et des infirmiers auxiliaires, je me dois de vous remercier pour tous vos efforts déployés.
À travers toutes ces tempêtes, il n’en demeure pas moins que votre santé physique et mentale doit toujours être prioritaire. J’espère que vous puiserez dans toute votre humanité une part de bienveillance à vous octroyer. Il est essentiel que vous puissiez prendre soin de vous pour arriver à faire de même pour vos patients.
En vue de cette journée du 5 mai, je nous souhaite beaucoup de douceur, l’occasion de se recentrer sur soi et surtout, j’espère que vous partagerez toute ma fierté envers vous et notre profession. Ensemble, nous retrouverons la lumière.