Un café avec...
Marguerite Blais : Ministre responsable des aînés et des proches aidants
Ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, Marguerite Blais est aux commandes de plusieurs chantiers au gouvernement. Entre ses travaux concernant les Maisons des aînés, la Politique d’hébergement et de soins de longue durée et ses nombreuses visites dans les CHSLD québécois, elle a tout de même trouvé le temps de répondre à nos questions, le temps d’un café. Rencontre avec une politicienne qui dit ne pas se trouver en politique pour y faire carrière, mais plutôt pour y mener une mission.
par Annabelle Baillargeon, Directrice adjointe, Service des communications et des partenariats stratégiques |
Les infirmières auxiliaires sont nombreuses à exercer auprès de la clientèle gériatrique. À titre de ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, comment voyez-vous le rôle de ces professionnelles dans l’équipe de soins?
« C’est un rôle prépondérant. L’infirmière auxiliaire est capable d’analyser tout changement et de le communiquer à l’infirmière pour agir plus rapidement. Elle est un relais entre le préposé aux bénéficiaires et l’infirmière. Le montant de 92,5 M $ investi pour embaucher du personnel exclusivement dans les CHSLD ne visait pas uniquement les postes de préposés aux bénéficiaires, mais aussi ceux des infirmières auxiliaires, car nous en avons besoin !
Après le Japon, nous sommes la société à vieillir le plus rapidement et on ne s’est pas vraiment intéressé au phénomène par les années passées.
Les investissements vont jusqu’à 200 M $ pour l’embauche dans le réseau et on sait que les infirmières auxiliaires y sont également présentes. On a insufflé une bouffée d’oxygène aux présidents-directeurs généraux des CISSS et des CIUSSS pour être en mesure d’afficher des postes. Maintenant, si l’on veut garder notre personnel soignant, il va falloir l’aimer. Quand j’entre dans les CHSLD, je ne vais pas seulement voir les personnes aînées, je vais aussi voir le personnel. Je constate qu’il y a beaucoup de blessures, que ce soit en lien avec le temps supplémentaire ou les méthodes de travail qui laissaient de côté tout l’aspect humain de la profession.
Ça fait en sorte que nous avons du personnel soignant à bout de souffle. Il faut travailler là-dessus, il faut offrir des postes permanents et favoriser la conciliation travail-famille. »
Au cours de la dernière année, vous avez visité une centaine de CHSLD différents. Quels ont été vos constats ?
« Si je n’avais pas fait cette tournée, je n’aurais pas été en mesure de convaincre mes collègues ministre des Finances et président du Conseil du Trésor du besoin. Ils m’ont d’ailleurs accompagnée pour constater sur place l’ampleur du travail du personnel soignant. Ils ont vu qu’il y avait des milieux qui manquaient beaucoup d’amour, notamment sur le plan des infrastructures, mais aussi qu’il y avait du personnel fatigué et qu’il fallait y remédier. C’est comme ça que sont arrivés les 92,5 M $ pour les CHSLD et le 200 M $ pour l’embauche de personnel.
Mon deuxième constat a été que 80 % des per-sonnes hébergées dans les CHSLD sont atteintes de troubles neurocognitifs majeurs. Ce n’est pas comme ça que ça se passait il y a 15 ans, donc ça prend du personnel mieux formé. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous sommes en train de rédiger la première politique de l’histoire du Qué-bec sur l’hébergement et les soins de longue durée pour être en mesure d’accompagner le personnel grâce à de nouveaux outils. »
Vous avez dévoilé il y a quelques mois le concept des « Maisons des aînés ». Quelle place réservez-vous aux infirmières auxiliaires dans le cadre de ce projet ?
« L’infirmière auxiliaire aura un travail de tous les instants, aussi important que celui qu’elles ont présentement dans les CHSLD. Ce sera toujours le rôle significatif d’être à l’affût des changements comportementaux, elle est l’équilibre entre le préposé et l’infirmière et c’est important. Il faut qu’il y ait une reconnaissance et une valorisation de cette profession qui est fondamentale.
On a besoin des uns et des autres actuellement. On souhaite que les Maisons des aînés soient un milieu de vie et une nouvelle forme d’hébergement.
On va faire des unités de 12, au coeur de ces maisons, car ça sera plus facile de travailler, que ce soit au niveau de l’alimentation ou des soins d’hygiène, grâce aux douches adaptées dans chaque chambre. Nous allons pouvoir, à titre d’exemple, dans les unités de 12 regrouper les personnes en perte d’autonomie physique et celles en perte d’autonomie cognitive. On s’inspire des meilleures pratiques à travers le monde et on travaille avec Philippe Voyer, professeur titulaire à la Faculté des sciences infirmières de l’Université Laval dans le cadre de ce projet.
Je suis convaincue que si l’on a des milieux de vie qui correspondent davantage à la réalité d’aujourd’hui, nous aurons plus de personnel qui souhaitera venir travailler. On veut créer un milieu de vie plutôt que de fin de vie. »
Depuis son élection, le gouvernement a accordé une place importante aux traitements faits aux aînés et aux proches aidants. Quelles réalisations souhaitez-vous mener à terme à la fin de votre mandat ?
« On développe en ce moment la gériatrie sociale pour briser l’isolement. On fait de nouveaux milieux de vie avec les Maisons des aînés. Je me dis que j’aurai participé avec mes collègues à faire une société plus juste et équilibrée envers les personnes vulnérables et les proches aidants. On a tous des parents qui vieillissent et nous serons tous des proches aidants. Je suis en mission pour mettre en place des programmes et des politiques pour le présent et le futur. »
Si Marguerite Blais était dans le dictionnaire, quelle serait sa définition ?
« Femme de passion et de mission »
Quelle est votre plus grande fierté ?
« Les enfants que j’ai adoptés et accueillis. J’ai 11 petits-enfants et ils sont ma plus grande fierté.»
Comment buvez-vous votre café ?
« Ça dépend, quand c’est un expresso, pas de lait, quand c’est un café régulier, avec un nuage de lait (rires). »