Une spécialité où la relation d’aide trouve tout son sens
Dany Bernier est infirmier auxiliaire à la maison « Mon Parcours », une ressource en santé mentale située à Mont-Joli. Passionné par son travail, il présente la psychiatrie comme une spécialité complexe, pleine de défis, mais surtout, profondément humaine où les belles rencontres ponctuent son quotidien.
Par Patricia Roy, Collaboratrice |
Comme une évidence
Dany a obtenu son diplôme d’infirmier auxiliaire en 1990. À peine sorti de l’école, il décroche un poste à l’Hôpital de Mont-Joli, reconnu à l’époque pour la qualité de ses soins en santé mentale. « J’ai eu la piqûre pour ce type de soins » se souvient-il.
Après huit années à l’emploi de l’hôpital de Mont-Joli, suivi d’un passage à l’hôpital de Rimouski, également dans le département de psychiatrie, Dany est amené à explorer d’autres avenues professionnelles, dont le travail en CHSLD. Cependant, la psychiatrie finit par lui manquer. Lorsqu’une opportunité de revenir à ses premières amours se présente à lui par le biais de la maison « Mon Parcours », il fonce.
Cela fait maintenant six ans que Dany travaille à « Mon Parcours », une ressource qui se transforme en milieu de vie pour une clientèle adulte aux prises avec des problèmes de santé mentale, mais aussi de dépendance. Dix-sept patients y résident. Certains pour quelques semaines, d’autres pour quelques mois. Le mandat de Dany et de l’équipe d’intervenants consiste à y soigner les personnes, les accompagner dans leurs traitements, mais aussi de leur fournir les outils nécessaires pour adopter de meilleures habitudes de vie afin de favoriser leur réinsertion dans la société.
Quand on demande à Dany pourquoi il affectionne particulièrement le travail en psychiatrie, sa réponse est franche et bien sentie. « Ce que j’aime en santé mentale, c’est de rencontrer les gens, parler avec eux, les faire verbaliser, explique-t-il. C’est la relation d’aide avec cette clientèle-là qui m’attire le plus. »
Tous pour un, ou l’importance du travail d’équipe
Outre les soins prodigués sur une base quotidienne, comme l’administration de la médication et les ponctions veineuses, l’implication de Dany auprès des personnes va bien au-delà des soins physiques.
En effet, par la nature de son travail, Dany est en première ligne pour contribuer à l’évaluation de l’état général des personnes. Sont-elles agitées? Délirantes? Dénote-t-on la présence d’effets secondaires suite à un ajustement de la médication? Tous des éléments qui devront remonter jusqu’aux professionnels habilités pour ajuster le traitement, au besoin. « On travaille beaucoup en complémentarité et on se retransmet de l’information. On prend le temps de se parler pour le bien-être des patients. »
Les observations de Dany représentent donc un atout de taille pour aiguiller l’équipe, composée d’un second infirmier auxiliaire, d’infirmières, d’un psychiatre, d’un médecin généraliste ainsi que d’une psychoéducatrice, d’un travailleur social et d’éducateurs spécialisés.
Des liens privilégiés avec les personnes
Pour Dany, une personne représente un tout qui se définit par rapport à son vécu, sa génétique ainsi que par sa manière toute personnelle de réagir face à certaines situations. « Ce qui est très anxiogène pour une personne peut ne pas l’être du tout pour une autre. Ça serait donc une erreur de comparer une personne à un autre puisque chaque personne à une histoire unique. »
Pour accompagner au mieux chaque personne, dont les raisons du séjour sont très variées (dépression, schizophrénie, troubles anxieux, dépendance…), établir une relation de confiance professionnelle est essentiel.
À l’occasion de rencontres individuelles, Dany prend le temps de bien expliquer à ses patients les particularités de leur maladie et la manière dont elle les affecte. Il leur parle de leur médication, du rôle qu’elle joue dans leur traitement et de l’importance de la respecter pour maintenir les acquis.
Impliquer la personne dans le processus de guérison représente une approche gagnante. « Notre travail, c’est de leur faire voir leurs forces aussi. […] on se sert de leurs points forts pour les aider à cheminer et à avancer » précise Dany, dont l’attachement envers ces personnes est manifeste.
Santé mentale et préjugés
À ses débuts dans le métier, Dany était surpris de constater le nombre important de personnes aux prises avec des enjeux de santé mentale. En résidant dans une petite ville où tout le monde se connait, cette réalité était d’autant plus frappante. Un constat s’est rapidement imposé à lui à l’époque : les gens vivent leur détresse en cachette, honteux.
Heureusement, beaucoup de chemin a été parcouru depuis. On reconnaît aujourd’hui que les problèmes de santé mentale peuvent arborer différents visages et ne font aucune discrimination quant à ceux qu’ils affligent.
La sensibilisation faite auprès de la population a assurément joué un rôle important dans ce changement de perception. « Il y a 30 ans, jamais personne n’aurait dit dans une conversation : "il faut que je te laisse, j’ai rendez-vous avec mon psy". Avant, c’était caché. Il y a donc eu beaucoup d’évolution à ce niveau », se réjouit-il.
Dany reconnaît toutefois qu’il reste du travail à faire pour que disparaissent certains préjugés plus tenaces, comme celui voulant que les personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale soient dangereuses, par exemple. Il est donc impératif de poursuivre l’éducation populaire afin d’enrayer définitivement certaines perceptions qui sont fausses.
Une profession d’avenir
Passionné par sa spécialité, Dany souhaiterait y voir évoluer plus d’infirmiers et infirmières auxiliaires dans le futur. « On a notre place en psychiatrie, dit-il avec conviction. Avec nos connaissances, on contribue grandement au travail des infirmières dans leurs évaluations. »
Ces connaissances si précieuses, Dany les a acquises à force de travail, mais aussi grâce à ce qu’il juge être le meilleur allié de tout travailleur de la santé : la formation continue.
Pouvant compter sur des gestionnaires qui valorisent le perfectionnement, Dany ne manque jamais une occasion d’affiner ses connaissances. Pas le choix dans un domaine aussi foisonnant que la psychiatrie où l’évolution des traitements, des approches et l’apparition de nouvelles médications vont à la vitesse grand V.