Unité des grands brûlés du CHUM
Une intégration historique des infirmières auxiliaires
En août 2021, les infirmières auxiliaires Billie Racicot et Zénab Tag El Din relevaient un nouveau défi et intégraient l’Unité des grands brûlés du CHUM. Ce projet pilote marquait une première pour la profession, en permettant à ces professionnelles de collaborer à l’équipe interdisciplinaire dans la dispense de soins critiques. Fort de son succès, ce projet a ensuite permis à huit infirmières auxiliaires de joindre leurs forces à l'unité.
par Annabelle Baillargeon, Directrice adjointe, Service des communications et des partenariats stratégiques |
« Le projet est un grand succès et améliore la qualité des soins aux patients grâce à une équipe clinique plus garnie. On dégage l’infirmière pour
qu’elle puisse se concentrer sur ses actes et la collaboration soutenue de l’ensemble de l’équipe donne de l’oxygène pour donner de bons soins », explique le chef d’Unité des grands brûlés du CHUM, Mathieu L’Heureux.
Au sein de l’équipe, les infirmières auxiliaires sont pleinement reconnues dans les activités prévues à leur champ d’exercice.
« Dans notre formation pour déterminer les rôles de chacun, on a mis sur papier tout ce qu’il y avait à faire. Sur la feuille de l’infirmière auxiliaire, il n’y avait plus de place! Ça a été tout un déclic sur le terrain. On sent qu’on fait une réelle différence », mentionne Zénab Tag El Din. (Photo : Les infirmières auxiliaires Billie Racicot et Zénab Tag El Din)
« Tout le monde travaille en équipe et ça nous permet de prendre plus de temps avec les patients. Les soins critiques nous apportent beaucoup d’opportunités. C’est très stimulant », renchérit sa collègue, Billie Racicot.
(Crédit photo : Denis Germain)
Organisation
Avec neuf lits dédiés aux grands brûlés, l’équipe soigne de 125 à 150 patients par année. Ces soins requièrent une collaboration interprofessionnelle notamment avec les physiothérapeutes, les ergothérapeutes, les nutritionnistes, les psychologues
et les travailleurs sociaux. Chaque professionnel apporte une contribution selon son rôle et ses compétences professionnelles. Les plaies sont prises en charge par les chirurgiens plastiques spécialisés en brûlures, alors que les soins reliés au reste du corps sont sous la gouverne des spécialistes en soins intensifs.
Pour intégrer cette spécialité, les infirmières auxiliaires doivent être menées par une grande motivation à se développer professionnellement
afin de répondre à leur obligation de maintenir à jour et de perfectionner leurs compétences, d’autant plus que les techniques évoluent constamment.
« Elles doivent être à l’aise avec des personnes intubées qui se trouvent dans des situations critiques, posséder un fort esprit d’équipe et avoir un intérêt pour les soins de plaies », détaille M. L’Heureux.
Passionnées, les deux infirmières auxiliaires rencontrées se démarquent par leur volonté de se dépasser et démontrent une grande soif d’apprendre. Si le défi semblait de taille au départ, elles se sont très bien adaptées à la réalité des soins critiques.
Les deux professionnelles ont d’ailleurs été formées au bloc opératoire. « On fait des soins de A à Z, se réjouit Zénab Tag El Din. Aux soins critiques, dans ce modèle de fonctionnement on se donne comme mission de prodiguer des soins de qualité. La définition du travail d’équipe, c’est vraiment ici ! »
Formation
Pour intégrer ce nouveau milieu, les infirmières auxiliaires ont suivi une formation particulière. Le volet théorique couvrait les brûlures et leurs
différents types (premier, deuxième et troisième degré), les maladies de peau, en plus de connaissances sur la physiopathologie, les complications et les types de greffes.
La formation venait ensuite avec un volet pratique, qui couvre notamment les techniques en soins de plaies. Pour assurer le succès de l’intégration des infirmières auxiliaires, l’équipe a pris soin de présenter le rôle et les responsabilités de chaque professionnel afin que la « magie opère ».
« On voulait éclaircir le champ d’exercice de chacun pour respecter les limites respectives, mais mais surtout pour les optimiser au mieux », ajoute le chef d’unité.
Des journées de simulation et de collaboration sont également au programme, afin d’éliminer toute ambiguïté sur les rôles de chacun.
Relation d’aide
Les infirmières auxiliaires et le chef d’unité sont de véritables passionnés par leur travail. En plus des soins qu’ils dispensent dans une unité de soins critiques, ces derniers sont amenés à travailler dans des contextes sociaux et familiaux qui comportent de nombreux défis.
En collaboration avec les infirmières, à la suite de l’évaluation initiale et de la collecte des données cliniques générant le plan thérapeutique infirmier, les infirmières auxiliaires peuvent offrir des soins adaptés aux situations critiques auxquelles elles font face.
« La relation d’aide, ça vaut de l’or, mais c’est difficile par moment. On travaille parfois avec des personnes qui sont intubées et avec la famille des patients. Ça demande aussi un grand savoir-être. On travaille avec des personnes de tous types de clientèle », rappelle M. L’Heureux.
« C’est très émotif, quand le patient arrive, il se trouve dans un état critique. On crée forcément des liens avec eux. C’est fort », souligne Mme Racicot.
« C’est vrai que c’est impressionnant, mais on est également témoin lorsque les gens quittent pour la réadaptation. Ces personnes ont une deuxième chance à la vie et c’est touchant », conclut sa collègue infirmière auxiliaire.
Le projet se poursuit jusqu’en 2023. À en voir la portée, il semble évident que la collaboration infirmière-infirmière auxiliaire dans les secteurs
spécialisés ne fait que commencer.